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    Parole de doctorants

    Parole de doctorants

    Retrouvez les portraits de trois doctorants de l'Université de Haute-Alsace.

     

    Benjamin Habermacher - Un parcours atypique au service de la recherche : rencontre avec un doctorant passionné

    Agrégé d’économie-gestion, maître de conférence associé, doctorant en sciences de gestion au SERFA

    Pouvez-vous présenter brièvement votre sujet de thèse ?

    "Mon travail de recherche s'intéresse à l'impact des valeurs coopératives (autonomie, entraide, démocratie, etc.) sur les mécanismes de prise de décision au sein des sociétés coopératives. J'examine comment ces valeurs influencent la structure des outils de gestion et de contrôle, en les considérant comme un "package" global. Ici, le terme "contrôle" ne renvoie pas à une surveillance stricte, mais à l'ensemble des processus permettant à l'organisation d'atteindre ses objectifs.

    Je me concentre sur les Sociétés Coopératives et Participatives (SCOP) et les Sociétés Coopératives d'Intérêt Collectif (SCIC), car elles incarnent plus fortement les valeurs coopératives que d'autres formes de coopératives, comme les banques ou les coopératives agricoles. Ma méthode est davantage inspirée de la sociologie que de la finance traditionnelle, et j'utilise la Théorie de l'Acteur-Réseau (TAR) pour retracer l'influence des valeurs dans les mécanismes de contrôle."

    Quel a été votre parcours universitaire et professionnel avant de vous lancer en thèse ?

    "Mon parcours est tout sauf linéaire ! Après deux échecs en première année de médecine, j'ai brièvement travaillé comme assistant dans un bureau d'études avant de me tourner vers la psychologie, où j'ai obtenu une licence à 23 ans. Parallèlement, je me suis investi dans la vie associative et les conseils universitaires, ce qui m'a conduit à me réorienter vers la gestion au SERFA. Cette nouvelle orientation a été une véritable révélation.

    Après avoir obtenu ma licence (en tant que major de promotion), j'ai enseigné en tant que professeur contractuel en STMG pendant trois ans, tout en poursuivant un Master Management des Administrations et Entreprises du SERFA en cours du soir que j'ai validé à 29 ans. J'ai ensuite travaillé dans le privé comme formateur et consultant, avant de co-fonder un bureau d'études et de conseils.

    En 2022, j'ai déménagé à Mulhouse pour me rapprocher de ma famille. Cette année-là a été charnière : j'ai eu mon premier contact avec celui qui deviendra mon directeur de thèse, j'ai été recruté comme Maître de Conférences Associé (PAST) au SERFA et j'ai obtenu l'agrégation en comptabilité. C'est avec ce parcours riche et varié que j'ai entamé à 38 ans une nouvelle aventure : celle du doctorat."

    Qu'est-ce qui vous a poussé à reprendre vos études après plusieurs années de travail ?

    "C'est l'envie d'apprendre, de comprendre et de contribuer à l'avancement des connaissances qui m'a motivé. J'ai toujours eu ce désir de progresser et d'aider à faire progresser les savoirs. Cette curiosité insatiable, peut-être un brin utopique, m'a poussé à reprendre des études de haut niveau."

    Ce retour à l'université a-t-il été difficile ? Quels ont été les principaux défis ?

    "Pour être honnête, non. J'ai eu la chance de rester proche du milieu universitaire tout au long de mon parcours professionnel, ce qui m'a permis de garder le rythme intellectuel nécessaire. Cependant, concilier vie de famille et recherche reste un défi majeur. Le doctorat exige un investissement considérable en temps et en énergie."

    Avez-vous bénéficié de soutiens particuliers pour cette transition ?

    "Absolument. Le soutien de ma famille et de mes amis a été inestimable dans les moments de doute. Mon directeur de thèse joue également un rôle clé : l'accompagnement des enseignants-chercheurs est essentiel pour avancer dans ce type de projet exigeant.

    La thèse est un sport individuel qui se pratique en équipe : les collègues de laboratoire, les proches et les personnels administratifs de l'université sont des ressources précieuses. Malheureusement, les soutiens institutionnels restent limités, et obtenir des financements relève parfois du parcours du combattant. Heureusement, l'université peut compter sur des personnels d'appui dévoués, sans qui ce parcours serait encore plus ardu."

     

    Velia Ferracini - Une journée dans la peau d'une doctorante en lettres : entre thèse et obligations académiques

    Doctorante en langue et littérature françaises au laboratoire ILLE - Faculté des Lettres, langues et Sciences Humaines (FLSH)

    Pouvez-vous présenter brièvement votre sujet de thèse ?

    "Mon sujet de thèse s’intitule « D’une littérature suisse plurilingue : la Collection CH ». Je travaille sur la collection ch, un projet qui finance chaque année sept à dix traductions de littérature suisse dans les quatre langues officielles (français, allemand, italien, romanche). Il s'agira tout d'abord d'étudier son histoire, à partir de sa naissance en 1974 jusqu'à aujourd'hui, puis de questionner quelle image de la littérature suisse la collection ch a cherché à dessiner par ses choix."

    À quoi ressemble une journée type pour vous ?

    "Il n'y a pas réellement de journée type lorsqu'on fait une thèse en assistanat, comme c'est mon cas : en effet, cela peut aller de la préparation d'un enseignement (à l'Université de Fribourg, pour ma part), aux corrections de travaux, en passant par des recherches pour les projets du professeur dont je suis l'assistante à mes propres recherches, qui varient en fonction de si j'étudie les archives, de si j'écris des articles scientifiques ou me prépare à des communications."

    Passez-vous plus de temps en laboratoire, en bibliothèque, ou en télétravail ?

    "Je travaille beaucoup à la maison, car j'ai besoin d'un environnement calme, mais je dois aussi parfois me rendre aux archives ou en bibliothèque."

    Comment organisez-vous votre emploi du temps entre recherche, rédaction et autres obligations ?

    "Il est très flexible, mais j'aime être préparée en avance et mon agenda est donc très rempli. Je fonctionne par listes, en classant les tâches des plus urgentes aux moins importantes. Je commence toujours par traiter les mails, afin de me tenir à jour, puis je me mets au travail."

    Travaillez-vous seul ou en collaboration avec d’autres chercheurs ?

    "Je travaille principalement seule, mais il m'arrive de devoir collaborer avec mes collègues ou de me rendre en bibliothèque pour travailler en groupe."

    Avez-vous des responsabilités en dehors de votre recherche (enseignement, administration, conférences) ?

    "Effectivement, je suis en charge d'un enseignement en niveau licence et je participe également à des conférences. Pour l'administratif, il s'agit plutôt de charges concernant mes propres recherches, mais il y a également des tâches liées à la politique universitaire."

     

    Flavie Duthay - Au cœur de la recherche : le témoignage d’une doctorante en sciences exactes

    Doctorante 2ème année au laboratoire IRIMAS (Institut de Recherche en Informatique, Mathématiques, Automatique et Signal - UR 7499)

    Pouvez-vous présenter brièvement votre sujet de thèse ?

    "Mon sujet de thèse est "Fusion d'odométrie multimodale robuste pour les robots mobiles autonomes", cela signifie que je travaille sur les soucis de localisation d'un robot lorsque le signal d'un GNSS est brouillé ou bien que le nombre de satellites disponible ne soit pas suffisant pour obtenir une position précise. Dans ce cas, nous utilisons d'autres types de capteurs tels que des caméras, une centrale inertielle, ... J'ai découvert les robots mobiles autonomes durant les projets étudiant au cours de mes études supérieures. J'ai été passionné par l'électronique permettant de faire ce que l'on désire à un robot."

    Comment décririez-vous une journée typique dans la vie d'une doctorante en sciences ?

    "Mes journées sont principalement du travail de bureau. Je fais principalement de la bibliographie, de la simulation et de la programmation. De façon plus ponctuelle, nous pouvons faire de l'acquisition de données ou tester des algorithmes sur nos plateformes d'essais tel qu'un véhicule autonome appartenant à l'institut de recherche IRIMAS hébergé au sein de l'école d'ingénieur, l'ENSISA. Par ailleurs, dans le cadre du financement européen de ma thèse via INTERREG, je participe aux projets RobotHub Transfer et RobotHub Academie qui d'une part propose des solutions de robotisation à des PME et d'une autre cherche à inciter les jeunes à étudier les sciences et particulièrement la robotique. Ces projets nécessitent des journées dédiées à la vulgarisation de nos travaux de recherche ou bien à prendre des contacts avec des entreprises. De plus, il faut aussi jongler avec les créneaux de cours que l'on peut avoir à enseigner."

    Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique et de ce qui vous a motivée à poursuivre une carrière en sciences ?

    "J'ai étudié pendant deux ans un cycle préparatoire intégré d'une école d'ingénieur à Nantes, j'y ai fait un projet de conception d'un robot devant sortir d'un labyrinthe. J'ai adoré ce projet, c'est pourquoi je désirais continuer dans le domaine de la robotique autonome. Suite à cela, j'ai fait une troisième année de licence de Physique avec spécialité Sciences de l'ingénieur à l'Université d'Orléans. De même, j'ai pu participer à un projet de fin d'études, sur la conception d'un robot sur le modèle du rover Rosalind Franklin. J'y ai poursuivi avec un Master Mécatronique, Automatique, Robotique et Traitement du Signal, au cours duquel j'ai pu étudier les problématiques des véhicules. Par ailleurs, j'ai effectué un stage au sein d'un laboratoire de recherche sur la thématique du véhicule autonome dans le cadre du challenge UTAC pour confirmer mon envie de poursuivre en thèse. Enfin, j'ai continué en thèse à l'Université de Haute-Alsace à Mulhouse pour un doctorat en Automatique."

    Avez-vous rencontré des défis spécifiques en tant que femme dans le domaine des sciences ? Si oui, comment les avez-vous surmontés ?

    "Je n'ai jamais rencontré de défi particulier dans le domaine des sciences. Je n'ai jamais ressenti une quelconque différence de traitement avec mes collègues. Par ailleurs, nous essayons par le biais de "Girl's Day" d'inciter les jeunes femmes à faire des sciences et de les convaincre qu'elles sont autant légitimes que leurs homologues masculins !"

    Quels sont vos objectifs de carrière après l'obtention de votre doctorat ?

    "Après ma thèse, j'hésite entre travailler en tant qu'enseignante-chercheuse ou bien un poste dans la recherche et développement d'une entreprise privée."